Réflexions hospitalières
N°621 Novembre - Décembre 2024
Sobriété financière – Faire mieux avec moins
Assurer un égal accès à tous à la santé et améliorer en continu l’espérance de vie en bonne santé sont deux missions incontournables des pouvoirs publics et de l’ensemble des acteurs de santé qui nécessitent un investissement renouvelé et croissant. Dans un contexte de défi démographique, épidémiologique et environnemental et de fortes tensions sur les ressources financières et humaines, l’efficience voire la frugalité s’imposent et nécessiteront la mise en place d’une programmation pluriannuelle, afin de pouvoir préserver notre modèle social et répondre aux besoins de santé existants et à venir de la population.
16/12/24
La santé, sans doute parce qu’elle condi-tionne l’usage et l’utilité de tous les autres biens et services qu’offre une société moderne, est une priorité pour la population. Toutes les enquêtes d’opinion le montrent : la santé est une préoccupation centrale pour nos concitoyens. « Bien premier » pour chacun, la santé est aussi un bien commun à préserver. En France, l’idée que les pouvoirs publics et les acteurs de la santé doivent assurer un égal accès à la santé fait ainsi l’objet d’un consensus très fort dans la population. Le système de santé ne peut être légitime sans poser le principe d’équité à son fondement et il est donc, par essence, un service socialisé, les recettes publiques en assurant la grande majorité des dépenses.
Toutefois, en raison même de ses réussites, notam-ment des immenses progrès diagnostiques, thérapeutiques et organisationnels, l’objectif de gain d’espérance de vie en bonne santé suppose un ininvesti-tissement financier incontournable Même si, à l’avenir, l’intelligence artificielle en santé promet une plus grande productivité (qui reste à démontrer), c’est bien de la prévention que peuvent venir les gains d’espérance de vie les plus massifs, et à terme les marges de manœuvre financières indispensables pour faire face aux besoins de santé croissants liés au vieillissement, au développement des pathologies chroniques et au changement climatique.
Face au défi de la soutenabilité financière de notre système de protection sociale, la frugalité est donc nécessaire d’un triple point de vue :
- efficience de l’organisation de l’offre de soins : structuration des filières de soins, optimisation des parcours de soins et de santé, gradation des soins sur les territoires
- prévention et pertinence des parcours, des soins, des actes et des prescriptions. Cela est d’autant plus nécessaire du fait des limites de la dépense publique. Car la santé – si primordiale soit-elle
– vient en concurrence avec d’autres priorités collectives (l’éducation, la défense, la sécurité, le logement, la lutte contre la pauvreté, etc.) ; - réduction de l’impact carbone. Parce que la santé est un facteur majeur de production de CO2 (8 % des émissions selon les estimations du Shift Projet) qu’il faut impérativement réduire.
Pour faire face à ces contraintes, il est essentiel de ne plus déterminer les ressources consacrées à la santé uniquement sur une base comptable et annuelle, comme c’est le cas dans les projets de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS), mais en fonction de l’évolution des besoins de santé, des moyens nécessaires pour y répondre et de l’évolu-tion des prises en charge et du progrès médical. En lieu et place de cette cérémonie technocratique, de plus en plus décalée par rapport à la réalité, il est nécessaire de mettre en place trois démarches de programmation, détaillées ci-dessous.
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