Grand Angle

SANTÉ DES FEMMES, DES INÉGALITÉS PERSISTANTES

N°623 Mars - Avril 2025

Maladies cardio-vasculaires chez les femmes – Une urgence médicale et sociétale

En France, une femme meurt toutes les 7 minutes d’une maladie cardio-vasculaire (infarctus, accident vasculaire cérébral, embolie pulmonaire…). Pourtant, 8 décès sont 10 sont évitables grâce à un suivi médical régulier et une bonne hygiène de vie.

Pr Claire Mounier-véhier Cardiologue et médecin vasculaire, CHU de Lille
Professeur de médecine vasculaire, université de Lille
Thierry drilhon Administrateur et dirigeant d’entreprise

Cofondateurs de la fondation Agir pour le coeur des femmes


04/04/25

Les maladies cardio-vasculaires ne sont plus aujourd’hui des maladies réservées aux hommes. Avec environ 75 000 décès par an en France, soit un toutes les 7 minutes, elles sont la première cause de mortalité chez les femmes. Cette réalité reste encore trop méconnue, causant des retards de diagnostic et de prise en charge. Constat plus interpellant encore, les femmes sont touchées de plus en plus jeunes, dès la quarantaine, conséquence de l’évolution de leur mode de vie, qui leur a fait adopter les mauvaises habitudes des hommes : tabagisme, sédentarité, surpoids, charge mentale… L’analyse des registres français FAST-MI 1 de 1995 à 2010 montre une augmentation significative de la proportion de femmes jeunes, de moins de 60 ans, touchées par l’infarctus du myocarde : de moins de 10 % en 1995, elles représentent plus de 20 % des infarctus de la femme en 2010.

Si la femme partage les facteurs de risque cardiovasculaire traditionnels avec l’homme, leur fréquence et leur impact diffèrent selon le sexe. Plus de 80 % des femmes ont au moins deux facteurs de risque après 45 ans. Certains facteurs sont plus délétères chez elles que chez les hommes : hypertension artérielle, tabac, diabète, sédentarité, stress psychosocial… Les femmes sont exposées à des facteurs de risque spécifiques, aux trois phases clés de leur vie hormonale : contraception, grossesse et ménopause. Elles peuvent également être soumises à des situations émergentes à risque : migraine avec aura, endométriose, règles irrégulières, syndrome des ovaires polykystiques, insuffisance ovarienne prématurée, maladies auto-immunes, cancer du sein avec chimiothérapie et radiothérapie… Le gynécologue et le médecin généraliste ont un rôle clé, en soins primaires, dans le dépistage de ces femmes à risque, pour les adresser au cardiologue pour un bilan personnalisé.


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