Réflexions hospitalières
N°623 Mars - Avril 2025
Développer les établissements de santé et les campus sans tabac en France
Des progrès restent à faire pour réduire la consommation de tabac en France et les dépenses de soin associées. Parmi les mesures efficaces, les lieux sans tabac (extérieurs) font partie des recommandations de l’OMS et des plans nationaux de lutte contre le tabac. Or, notre pays est en retard sur leur déploiement. Cet article fait le point sur l’importance de développer massivement des espaces sans tabac dans les lieux de santé et d’enseignement supérieur qui accueillent des soignants, des patients et des étudiants.
04/04/25
La France n’est pas un pays exemplaire en matière de prévalence tabagique. En effet, environ 31,1 % des personnes de 18-75 ans fumaient occasionnellement ou régulièrement en 2023 et 23,1 % quotidiennement1. Même si la consommation est en baisse depuis 2016, elle reste malgré tout élevée en comparaison d’autres pays industrialisés : moins de 15 % en Grande-Bretagne, au Québec, aux États- Unis, et moins de 10 % dans les pays les plus avancés en matière lutte contre le tabagisme comme la Nouvelle-Zélande et l’Australie. Les conséquences sont lourdes. Ainsi, il est estimé que 75 000 Français en décèdent chaque année (soit 13 % de l’ensemble des décès), 1 cancer sur 3 serait lié au tabac, ce qui en fait la première cause de mortalité évitable dans notre pays2. Moins connus, les dégâts de ce produit sur l’environnement sont considérables. La fumée secondaire altère la qualité de l’air, les mégots composés de micro-plastiques et de substances dangereuses sont toxiques pour la nature (pollution des eaux, contamination de la chaîne alimentaire humaine, ingestion par les animaux). Enfin, le coût financier du tabac est important pour notre société et pèse sur les dépenses publiques.
LE COÛT DES DÉPENSES PUBLIQUES ET DE SOINS LIÉS AU TABAC
Il est estimé qu’en 2019, le coût social annuel du tabac s’élevait à 156 milliards d’euros*. Ce dernier représente le coût monétaire dû au tabac et prend en compte les recettes (taxes prélevées, etc.) et les coûts (dépenses de prévention, de soin, perte de la qualité de vie, etc.). Les dépenses de soins directement liées au tabagisme s’élèvent à 16,4 milliards d’euros pour les pouvoirs publics. Au total, le tabac coûte à l’État plus de 1,6 milliard d’euros, soit 2,3 % du déficit public français.
* P. Kopp, « Le coût social des drogues : estimation en France en 2019 », OFDT, 2023, 15 pages https://www.ofdt.fr/sites/ofdt/files/2023-08/field_media_document-3235-doc_num–explnum_id-34082-.pdf
Alors que les établissements de santé subissent de nombreuses crises et peinent à recruter des soignants, rien ne justifie que le tabagisme vienne fragiliser l’équilibre budgétaire et managérial de ces structures soumises à rude épreuve, d’autant plus que l’on sait comment réduire la consommation de tabac, et donc les dépenses de soins associées.
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