Le Cahier TH

Valeur du soin

N°623 Mars - Avril 2025

DerminConnect – Un dispositif de télésurveillance pour les maladies inflammatoires cutanées

Le projet DermInConnect est une solution de télésurveillance qui vise à améliorer la prise en charge des patients atteints de dermatoses inflammatoires chroniques suivis à l’hôpital. Ce dispositif, élaboré en partenariat avec une solution de plateforme numérique et l’AP-HP, est financé par l’ARS Île-de-France. En s’alignant sur les axes prioritaires de la feuille de route du numérique en santé, le projet cherche à répondre aux besoins des patients tout en optimisant les pratiques professionnelles.

Dr Charles Cassius Dermatologue, hôpital Saint-Louis, AP-HP


04/04/25

La démographie médicale en France, et particulièrement celle des dermatologues, rend difficile pour les patients l’accès aux professionnels de santé, ce qui est à l’origine de retards de prise en charge parfois majeurs. En 2022, il y avait 2 515 dermatologues libéraux en France avec une densité moyenne de 3,7 dermatologues pour 100 000 habitants1. Ainsi, même si la densité en dermatologue libéraux reste élevée dans le département de Paris (14,2 en 2022), celle des départements et régions limitrophes qui correspondent au bassin de population de l’hôpital Saint-Louis est extrêmement faible (1,3 dermatologues pour 100 000 habitants en Seine-Saint-Denis et 3,2 en Picardie). Cette faible densité entraîne un report de prise en charge sur les services hospitaliers de dermatologie du nord de Paris. Le service de dermatologie de l’hôpital Saint-Louis est historiquement un centre de premier recours pour les patients nécessitant une prise en charge urgente et/ou en situation de précarité, mais surtout un centre de deuxième ou de troisième recours pour des patients complexes nécessitant un suivi long et difficile ; les patients sont dans ce cas adressés par des dermatologues libéraux et/ou d’autres services de dermatologie.

Les évolutions démographiques et les faibles densités de dermatologues libéraux entraînent un report de patients, sur le service notamment de premier recours. Mais la désertification oblige les médecins hospitaliers à suivre au long cours des patients auparavant surveillés par les dermatologues libéraux. Notre service prend en charge environ 20 000 patients par an, en consultation externe, en hôpital de jour et en hospitalisation complète. Les patients atteints de dermatoses inflammatoires chroniques représentent une part importante de cette activité de soins. Certaines de ces maladies sont très fréquentes en population générale – prévalence supérieure à 1 % (psoriasis, eczéma atopique, hidradénite suppurée). Elles sont caractérisées par une évolution chronique sur plusieurs années, un impact important et parfois majeur sur la qualité de vie et la nécessité de suivre des traitements immunomodulateurs et/ou immunosuppresseurs.

Les innovations médicales des vingt dernières années ont permis l’apparition de nombreuses molécules dans le domaine de l’immunologie, notamment des dermatoses inflammatoires chroniques. Ainsi, dans le psoriasis par exemple, alors qu’en 2000 seulement trois molécules avaient l’autorisation de mise sur le marché (AMM), dix-huit l’ont aujourd’hui. Cette évolution rend la prise en charge plus complexe, avec des bilans et des suivis spécifiques pour chaque molécule. La conjonction d’une démographie médicale en tension et d’une innovation médicale et thérapeutique dans des pathologies chroniques et complexes nécessite ainsi la mise en place de stratégies innovantes pour le suivi et la prise en charge globale des patients.


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