Comment repenser les missions d’un CHU à l’aune de la prévention ?

En 2021, le CHU d’Angers fait le choix de créer une direction en charge de la prévention, de la santé publique et des relations ville-hôpital afin de mettre en œuvre une ambition du projet d’établissement, dans un contexte où l’établissement ne possède pas de pôle hospitalo-universitaire de santé publique. Ce choix, audacieux, visait plusieurs objectifs qui s’inscrivent nécessairement dans un temps long. Tout d’abord, il s’agissait de rassembler et d’assembler les projets et offres de prévention existants au sein de l’établissement pour leur donner un cadre et de la cohérence. Au CHU d’Angers, comme dans les autres établissements de santé, il existait déjà une offre conséquente en matière de prévention secondaire et tertiaire, ce qui constitue un point d’accroche permettant de fédérer les acteurs déjà impliqués. Par ailleurs, la création d’une nouvelle direction fonctionnelle nécessitait d’insuffler une vision, de donner un cap dans le respect de la Stratégie nationale de santé (SNS) et du projet régional de santé (PRS) :

• un cap stratégique qui a pris corps avec l’objectif d’investir la prévention primaire, comme recom-mandé par le Haut Conseil de la santé publique depuis 2018 1, pour nos patients et usagers mais aussi de manière consubstantielle pour nos professionnels hospitaliers. Le positionnement retenu vise à agir de manière transversale sur les déterminants compor-tementaux et environnementaux. Cette conception originale implique de penser nos actions non plus en termes de prévention des pathologies, mais en termes de modification des comportements et donc d’agir concrètement sur les addictions, l’ac-tivité physique, l’alimentation, etc., ce qui concerne potentiellement l’ensemble des services du CHU ;
• un cap méthodologique et scientifique pour atteindre les objectifs stratégiques fixés. Pour ce faire, une démarche graduée et phasée a été conçue afin d’accompagner la conduite du change-ment, tout en cherchant à nouer les partenariats nécessaires permettant d’intégrer une expertise en matière de comportements en santé de manière générale et de compétences psychosociales en particulier. Cette collaboration continue avec le Dr Aymery Constant de l’École des hautes études en santé publique (EHESP) permet d’apporter cette interdisciplinarité qui devient indispensable.