Le soignant de demain – Interface et reflet d’un monde en transformation

La crise des vocations généralisée qui a suivi la pandémie et les difficultés à trouver des professionnels en nombre suffisant ont largement été commentées. Certains y ont vu l’ultime expression d’un système de santé à bout de souffle, devenu repoussoir pour les femmes et les hommes qui y exercent, tentés de changer de métier ou de se réorienter à cause d’une charge mentale et professionnelle devenue excessive. Les récents chiffres de sélection des professions de santé fournis dans le cadre de Parcoursup¹ ont cependant donné une vision contraire de ce désamour ressenti, avec près de 780 000 voeux en parcours accès santé, en tête sur un podium où se trouvent également les diplômes d’État infirmiers, juste derrière les formations d’ingénieur. Les dernières indications fournies par les employeurs hospitaliers en termes de réduction du nombre de postes vacants², qui recrutent une large partie des professionnels issus de ces formations, démontrent également que les mesures prises dans le cadre du Ségur de la santé, don’t l’extension du nombre de places en formation initiale en tension, ont en partie porté leurs fruits.

Pour autant, cette crise, vue comme paroxystique et inédite depuis la Seconde Guerre mondiale, ne saurait cacher les tendances de fond qui se dessinent dès le début des années 1990 : évolution des attentes générationnelles, vieillissement accéléré de la population, baisse du taux de natalité, impact du dérèglement climatique sur l’émergence de nouvelles épidémies, conséquences de l’augmentation moyenne des températures sur l’ensemble du globe… Notre société est probablement appelée à se transformer plus rapidement qu’elle ne l’a jamais fait depuis le début de l’ère industrielle, et la place des soignants dans ce nouvel environnement sera déterminante.