Vers une médecine de l’incurable
06.12.2012
Jean-Christophe MINO, Marie-Odile FRATTINI Médecins chercheurs, codirecteurs du Centre national de ressources soin palliatif Emmanuel FOURNIER
Professeur à la faculté de médecine Pierre-et-Marie-Curie, responsable du département universitaire « Éthique, douleur, soins palliatifs » -
Derrière les débats actuels sur la fin de la vie se profile une question cruciale pour la médecine et notre société, qui concerne au premier chef l’hôpital public et son évolution. Quelle attitude avoir face à la multiplication des situations d’incurabilité, lorsque le modèle thérapeutique classique n’est pas ou plus applicable ? Si depuis soixante ans la « révolution thérapeutique » a entièrement renouvelé l’arsenal médical, le vieillissement de la population et l’augmentation du nombre de personnes atteintes de maladies chroniques confrontent la médecine au défi majeur de l’incurabilité 1. Celle-ci s’inscrit paradoxalement dans un contexte où existent des moyens techniques interventionnistes jusqu’à la phase avancée voire terminale des pathologies. Dans ce contexte, il est indispensable de proposer un nouveau modèle de soins que l’on pourrait appeler « médecine de l’incurable » alliant intervention soignante et aide à la vie avec la maladie 2.